Chère petite famille,
Que de choses à vous raconter. Minzu et Mehr’Elin sont donc bien revenus avant le banquet. Ils nous ont expliqué leur course-poursuite avec le voleur de gemme. Elle est a conduit au-delà des tréfonds de la mine. Ils sont d’abord passés par les anciennes galeries avant de finir dans cavernes naturelles creusées par l’eau. Là, ils sont tombés nez à nez avec une créature mi-homme mi-araignée dont ils ont échappé de peu. Ils ont dû passer par d’étroits conduits pour l’empêcher de les poursuivre. Au fond de ce conduit, ils sont arrivés à un lac souterrain qu’un bleu luisant. Sur ces rives, se trouvaient le fuyard et son campement. Après discussion, et sans trop lui laisser le choix, ils lui ont proposé de revenir avec eux. Le retour fut encore plus perturbant. En repassant à l’endroit où ils avaient croisé l’abomination, ils ont rencontré des humanoïdes en train de la dévorer. Ils avaient d’énormes excroissances acérées au niveau des coudes. A leur côté se tenait un esclave, un humain visiblement pris de démence. Ils sont simplement passés à côté avant de courir nous rejoindre.
Toute cette situation nous a beaucoup fait réfléchir. Nous sommes dans un endroit hostile où se trament des choses qui nous dépassent et risquent de nous engloutir. De plus, nos nombreuses péripéties n’ont pas fait de nous des discrets et insoupçonnables. C’est donc d’un commun accord que nous avons décidé de mettre un terme à notre carrière chaotique d’hommes de main pour des puissances qui nous dépassent.
Sur un plan plus personnel, tout ce chemin parcouru questionne mes moteurs. Je voulais devenir une grande chanteuse. J’ai pu me disputer avec ma troupe. J’ai accepté une invitation cryptique à la fois par manque d’activité et curiosité. Mais au final, qu’est-ce que je tire de ce parcours déconstruit ? J’ai voyagé, j’ai rencontré des puissants, j’en ai confronté certains, aidé d’autres. J’ai appris que le seul mode de fonctionnement des humains était la trahison au nom d’enjeux évanescents dont ils ne savent rien. Mais est-ce que cela m’a fait grandir ? Je n’en suis même pas sûre. La situation dans laquelle je suis aura en tout cas transformé ma fougue en angoisse nocturne de voir hommes en armes débarquer pour régler des comptes. A minima, ce que j’ai pour moi, c’est de ne jamais avoir tué personne. Enfin, sur ces réflexions, je vous laisse et je tiens à vous rassurer, vous aurez probablement bientôt de mes nouvelles et l’argent que j’ai accumulé m’offrira sans problème une vie douce loin d’Efross.
Embrassez ma sœur et mes frères.
Votre Aldéia.